Lors de l’inauguration récente du Collège Eugène Vigne, le Président du Conseil Général rappelait le coût de l’ouvrage pour le Département : 20 millions d’euros, au bas mot ! Sans aucun doute possible, le plus cher du Gard ! C’est parce qu’il le vaut bien, diront les optimistes. Certes, ce sont de magnifiques locaux, accompagnés d’un gymnase haut de gamme, qui ne peuvent que redorer une image bien ternie et battre, enfin, en brèche, les effets de la désectorisation voulue par Sarkozy.
Mais que de temps perdu, que d’élèves sacrifiés, que de millions dilapidés qui auraient pu être si utiles ailleurs, depuis ce 5 décembre 1991 où le Conseil d’Administration du Collège demandait pour la première fois la reconstruction d’un édifice bâti pour l’essentiel près d’un demisiècle plus tôt et qui avait bien mal vieilli.
Vingt ans ! Un délai démesuré et grotesque, à l’image de la haine vouée par Jean-Marie André au conseiller général de l’époque, le communiste Bernard Deschamps : il était hors de propos de permettre à ce dernier la réalisation d’un équipement de premier plan pour la ville et son avenir (rappelons que, depuis les lois de décentralisation de 1982, les collèges sont de la responsabilité du Conseil Général). Il y avait aussi des raisons encore plus mesquines : les lois de décentralisation avaient prévu que les mairies participeraient financièrement aux nouvelles constructions, mais de manière décroissante chaque année, pour atteindre 0 % en 2000. Il suffisait donc d’attendre cette date en utilisant tous les stratagèmes possibles pour retarder l’opération.
Mais Jean-Marie le Grand, ce Rhône de la pensée, voyait plus loin : il tenait avec le collège et ses élèves un otage de choix dont il entendait bien tirer rançon ! Il exigea donc, pour donner son accord, d’abord l’élargissement de la rue Henri Soulier (pourtant voie communale) aux frais du Conseil Général, puis le démontage, nettoyage et remontage de la chapelle à la vierge au bas de ladite voie, la reconstruction de l’école maternelle du Sizen, etc… Chantage chaque fois, hélas, réussi, sans que le dossier n’avance. Dans sa grande prévoyance, au lieu de geler les terrains nécessaires à la reconstruction sur place (en particulier ceux au-dessus de la station-service, aujourd’hui disparue, au bord de la route de Nîmes), il distribua allègrement des permis de construire, bloquant ainsi provisoirement toute solution in situ… Les emplacements proposés pour une reconstruction ailleurs étaient tous plus farfelus les uns que les autres : depuis le pied d’une falaise instable et dangereuse, dans une ancienne carrière (port du casque obligatoire !), non loin du Lycée professionnel, jusqu’à une zone inondable entre St-Joseph et la Croix Couverte (pilotis indispensables !). D’échec en échec, on en revint à la reconstruction sur place, avec vente par la Mairie, au prix du terrain à bâtir (!!!), de la zone occupée par l’école maternelle voisine. Rappelons qu’à la fin des années 70, la municipalité Boyer avait cédé pour le franc symbolique (!) les milliers de mètres carrés nécessaires à la construction du Collège Elsa Triolet. Autres temps autres moeurs ! Autres hommes aussi !
Donc, au début de ce siècle nouveau tout semble réglé, d’autant qu’un conseiller général UMP (M. Bataille) est élu : mais le potentat beaucairois voit en lui un rival potentiel dans son pré carré ; personne ne doit lui faire d’ombre ! Opportunément, alors que les engins commencent à rugir, que des préfabriqués sont installés pour accueillir les élèves pendant les travaux, un recours en justice fait tout capoter pour des litiges portant sur quelques centimètres concernant la dimension des bâtiments prévus ! Tout est à refaire ! Concours d’architectes, appels d’offres…
Quelques années et quelques centaines de milliers d’euros perdus plus tard, la construction commence : elle coïncide avec la chute de la maison André/Cellier au sein de laquelle travaillèrent au fil des mandats des élus aussi candides et politiquement vierges qu’André fils, Bourbousson Jacques ou Arèse Valérie…
La ténacité des parents d’élèves, des enseignants a fini par payer, eux qui ont porté cette lutte à bout de bras (tracts, grèves, délégations, barrages de routes…), mais que de pots cassés, que de gâchis humains ! RPB souhaite bonne route à ce beau vaisseau et à ses occupants !
L’Ecole est une chance, jamais un coût, n’en déplaise à ceux qui se demandent encore pourquoi ils ont été évincés de la Mairie en 2008 !