D’après les calculs de l’ONG de lutte contre la pauvreté Oxfam, les patrimoines des personnes les plus fortunées de ce monde ont plus progressé depuis mars 2020 que lors des dix années précédentes.
C’est sous cet angle que le député LFI Adrien Quatennens a interpellé les ministres et «le Président des riches», , parlant d’une pandémie «paradis pour les plus riches».
Dans sa réplique, le ministre des Comptes publics (et ancien socialiste) Olivier Dussopt a tout d’abord mis en cause la méthodologie de l’ONG tout en l’utilisant pour vanter la politique économique d’Emmanuel Macron («les rapports successifs d’Oxfam ont aussi montré que notre pays fait partie de ceux dans lesquels les mécanismes de redistribution sont les plus solides»). «La présentation qui en est faite confond la valorisation boursière d’un groupe avec la fortune personnelle des dirigeants du groupe. 2e biais : comparer la valorisation d’un groupe entre mars 2020, moment où la bourse était au plus bas dès le déclenchement du covid, et octobre 2021, moment où la bourse était au plus haut», a développé Dussopt.
Cécile Duflot, DG d’Oxfam France, cingle en retour : «Que voulez-vous que je vous dise ? En être à recycler des pauvres éléments de langage moisis : les chiffres, c’est ceux de Forbes, c’est la méthode de calcul que lui et ses collègues ministres ont dû utiliser pour remplir leur déclaration de patrimoine. Bref c’est idiot.»
Elle ajoute : «Sur le fond, refuser de regarder la réalité de la sécession des ultra riches (en analysant seulement 1er et dernier décile), c’est passer à côté d’un risque majeur de fragmentation de la société.»
Sur Twitter, le responsable du plaidoyer de l’ONG, Quentin Parrinello, a également contre-argumenté contre le patron du Budget, notamment sur les critiques méthodos : «C’est simplement la norme pour évaluer la fortune d’un individu. C’est d’ailleurs la norme appliquée également par l’Autorité de transparence de la vie publique.»
Quant aux bornes temporelles choisies pour son rapport, Oxfam l’assume et le revendique : «Oui, nous comparons un point bas, mi-mars 2020, aux données fin 2021. La bourse ne s’est pas relevée magiquement, mais grâce à l’intervention publique. C’est ce phénomène qui est à l’origine de l’explosion de fortune des milliardaires. C’est ce phénomène que nous documentons.»