La valeur agronomique des terres de la plaine de Beaucaire compte parmi les plus significatives du département. L’accumulation des couches de limon, déposées par les crues du Rhône au cours de l’ère quaternaire en est certainement la principale raison, même s’il est vrai que certaines zones basses, situées sous le niveau de la mer, sont confrontées à des remontées de sel. Dès qu’il a été capable d’assainir cette plaine marécageuse, l’homme s’est approprié ces terres pour les mettre en valeur et a adapté son mode de vie à la fréquence des inondations. Ainsi, l’architecture des mas de la plaine en témoigne encore aujourd’hui.
Il est vrai que la cinétique dite « lente » des crues du Rhône permet de bénéficier d’un délai suffisant pour mettre en sécurité aussi bien les hommes que les troupeaux, ainsi que l’essentiel du matériel. C’est d’ailleurs ce qui s’est produit en 2003. Malgré ces avantages, cette plaine n’est malheureusement pas épargnée par la crise du modèle agricole dominant. Et les symptômes sont comme partout ailleurs lisibles dans le paysage : étalement urbain, « cabanisation », friches etc.
La transition vers un modèle à la fois plus respectueux de l’environnement et permettant aux exploitants de vivre dignement de leur activité passera certainement par le développement des circuits courts, de l’agriculture biologique, un accès à la terre facilité pour les jeunes agriculteurs, le retour à des exploitations à « taille humaine » etc… A noter que ces démarches font l’objet d’incitations significatives, notamment de la part de la Chambre d’agriculture et du Conseil général du Gard.
Les documents du PPRi mis à l’enquête publique montrent une exposition à l’aléa inondation de la plaine à un niveau principalement fort et secondairement modéré. Or, il est précisé dans le règlement qu’en zone d’aléa fort la construction de hangars agricoles est interdite et qu’en zone d’aléa fort et modéré la construction de châssis et serres de plus de 1,80 m de hauteur est interdite. Il est clair que l’impossibilité de construire de nouveaux hangars agricoles ne facilitera ni l’accès à la terre de jeunes agriculteurs, ni la réduction de la taille des exploitations.
Ces éléments de règlement semblent donc aller à l’encontre de la pérennisation d’une activité agricole pourtant séculaire dans cette zone inondable. Ceci est d’autant plus surprenant qu’à contrario, une activité industrielle comme les unités de production d’électricité d’origine photovoltaïque, est quant à elle autorisée.
On peut par ailleurs s’interroger sur l’opportunité de règles aussi strictes au vu de la difficulté rencontrée par les pouvoirs publics à faire respecter les règles actuelles. Les constructions illicites dans la plaine se comptent en effet par dizaines et leur nombre est en constante augmentation.