Il n’y a pas si longtemps, la ZAC de Genestet n’était encore qu’une olivette et la colline des Caunelles un massif de garrigue traversé par un sentier de grande randonnée. Et puis en 20 ans la surface urbanisée a été multipliée par 3.
Lotissements et zones commerciales font désormais partie du paysage de l’entrée de ville ouest en plus de la cimenterie. Saturation des établissements scolaires, effondrement du commerce en centre-ville et augmentation du trafic routier constituent une illustration quotidienne et durable des conséquences d’une telle politique.
La nouvelle majorité lors de la campagne électorale déplorait «l’absence d’une politique d’urbanisme d’ensemble conçue sur le long terme. L’urbanisation est revue au coup par coup, au gré des demandes, ce qui ne reflète pas une gestion responsable».
Définir un plan d’urbanisme directeur pour maîtriser la politique d’urbanisation à long terme et harmoniser le développement de la ville pour les années à venir,
était l’une des propositions de la liste Beaucaire Espoir.
Nous sommes pratiquement à mi-mandat et ce fameux plan d’urbanisme directeur n’est toujours pas à l’ordre du jour.
Bien au contraire, ce sont 4 projets de révision simplifiée du Plan Local d’Urbanisme (PLU) qui ont été évoqués en moins d’une demiheure lors de l’avant dernière réunion de la commission urbanisme. Ces révisions doivent permettre, entre autres, d’urbaniser des parcelles agricoles au-delà de la rocade, à proximité du nouveau centre d’incendie et de secours. M. le Maire a eu beau jeu d’affirmer, il y a plus d’un an, que la desserte du centre de secours et d’incendie en eau potable et assainissement -qui a coûté pratiquement 1 million d’euros aux Beaucairoisn’était pas la tête de pont de l’extension urbaine au-delà de la rocade. Une fois n’est pas coutume, il s’agissait encore d’un mensonge. Ceci alors qu’il était le premier à déplorer l’ « expansion galopante de la ville vers l’ouest » durant la campagne électorale.
Il est temps de rappeler aux Beaucairois que l’espace n’est pas une ressource inépuisable et que sa consommation a forcément des limites et des revers. Tout d’abord l’étalement urbain empiète sur les surfaces naturelles et agricoles.
En zone naturelle, il porte atteinte au paysage et à la biodiversité.
En zone agricole, il est souvent source de conflits de voisinage entre les agriculteurs gênés dans leurs activités (accès aux parcelles, trafic routier, etc.) et les nouveaux habitants qui n’apprécient pas forcément, pour ne citer que cet exemple, les pulvérisations de pesticides devant leurs fenêtres.
Ensuite il nécessite des extensions de réseaux (eau potable, assainissement, voirie, etc.) dont la collectivité devra financer souvent une partie de l’investissement (ex. : conduite d’eau potable au-delà de la rocade) et presque toujours les frais d’entretien après la rétrocession des équipements à la commune.
Enfin, elle oblige la commune à anticiper sur les nouveaux besoins à satisfaire que vont générer ces nouveaux arrivants sous peine de voir ses équipements saturés, ce qui est le cas par exemple de beaucoup d’écoles beaucairoises du premier degré.
Donc, si l’urbanisation de nouvelles zones peut permettre ponctuellement à une commune de dégager des ressources (c’est ainsi par exemple que la municipalité André-Cellier a pu financer l’aménagement du canal en permettant l’urbanisation de la colline des Caunelles), le bilan à moyen terme n’est pas forcément rentable car de nouvelles charges de fonctionnement vont s’imposer.
Alors en continuant à changer la destination des espaces agricoles et naturels pour satisfaire des intérêts particuliers au rythme des 20 dernières années et ce en prenant en compte le projet de ferme photo-voltaïque d’ERDF qui occupera 10 % du territoire communal, que restera-t-il de ces espaces en 2030 ?
Quel étrange moyen de la part d’un Maire/Vice-président de la Chambre d’Agriculture de soutenir cette activité agricole. N’avons-nous plus besoin de l’agriculture pour nous nourrir, de la nature pour respirer ? On est bien loin de la «maîtrise de la politique d’urbanisation à long terme.»
A défaut de satisfaire ses promesses électorales, la municipalité a donc choisi une fois de plus la voie de l’opportunisme et de la facilité. Est-ce donc tout ce que l’on peut attendre d’un élu ? Nous ne le pensons pas.